Pour une aide urgente augmentée et un Fonds de relance cantonal de 200 millions de francs

 
Communiqué - Pour une aide urgente augmentée et un Fonds de relance cantonal de 200 millions de francs

 

La chute de l'activité causée par le coronavirus met en danger l'avenir économique du canton de Fribourg. Plusieurs mesures ciblées et efficaces, complémentaires au dispositif fédéral, ont été mises en œuvre par le Conseil d'Etat. Mais un renforcement du dispositif urgent, via un doublement des moyens à 100 millions de francs, se révèle impératif. Mais il s'agit aussi de se projeter déjà au-delà et d'élaborer rapidement un plan de relance capable de sauvegarder, et surtout de renforcer, le tissu d'entreprises à moyen et long termes. La CCIF propose à ce titre la création d'un fonds spécialement affecté à cet objectif, doté de 200 millions de francs, ainsi qu'un "Plan d'actions cantonal en faveur de l'économie".

Sur la base des dernières prévisions conjoncturelles publiées par le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco), qui font état d'une chute du PIB de 7,2% cette année en Suisse (valeur nominale), la perte de valeur ajoutée atteindra au moins 1,3 milliard de francs dans le canton en 2020. Six ans de croissance seront effacés et nous reviendrons donc pratiquement au niveau de 2013. Le chômage, déjà en forte hausse en mars malgré une extension massive des possibilités de recours aux RHT, devrait continuer à croître fortement ces prochains mois, comme la dernière enquête de l'Observatoire fribourgeois de l'économie de la CCIF l'a clairement fait ressortir. Pratiquement aucun secteur n'est épargné et les dégâts sont déjà très sévères pour de nombreuses sociétés, dont l'activité s'est arrêtée  ou la clientèle s'est tarie. Les perspectives de reprise – en particulier l'ampleur et la durée du rebond suite à la levée des interdictions d'exercer - restent à ce stade des plus incertaines.

Aide financière urgente à doubler

Ce constat montre que les premiers 50 millions de francs d'aides urgentes décidés par le Conseil d'Etat le 17 avril 2020 ne suffiront pas à limiter les dégâts. Les mesures prises pour soutenir le paiement des loyers des commerçants, pour les start-up, le tourisme et la culture sont nécessaires, mais doivent être complétées grâce à l'apport de 50 millions de francs supplémentaires. La CCIF soutient les instruments parlementaires déposés au Grand Conseil, en particulier le mandat exigeant d'apporter une aide directe à fonds perdu pour prendre en charge une partie des coûts fixes des entreprises dont les chiffres d'affaires et/ou la productivité s'est effondrée en raison de la crise du Covid-19 (Mandat 2020-GC-60). Les propositions fiscales (Motion 2020-GC-54) ainsi que celles destinées à assurer une égalité de traitement entre les dirigeants d'entreprises et les indépendants (mandat 2020-GC-58) vont également dans le sens souhaité par la CCIF.

Deux domaines stratégiques ont toutefois été oubliés jusqu'ici: celui de la formation professionnelle ainsi que la recherche et développement (R&D). Il y a en effet un risque réel qu'un nombre important d'entreprises n'aient pas les moyens d'engager des apprentis cet automne. La prise en charge des salaires des apprentis pendant une année constituerait à ce titre un signal puissant en faveur de la relève. Plus qu'une aide, il s'agirait là d'un investissement dans le savoir-faire et la lutte contre le chômage des jeunes. Dans la R&D, des soutiens pragmatiques aux entreprises obligées de se réinventer sont souhaitables immédiatement.

Fonds de relance de 200 millions de francs

A côté de l'urgence, il s'agit néanmoins de se projeter dans l'avenir. Vu la dimension mondiale de la crise, une concurrence exacerbée est hautement probable au cours des prochains mois et années. Il n'est pas concevable d'imaginer que l'activité reprendra "naturellement" son cours. Après avoir consulté ses membres ainsi que son Conseil stratégique et évalué la situation sur la base des données émanant de son Observatoire de l'économie et de groupes de travail, la CCIF est arrivée à la conclusion que la création d'un Fonds cantonal de relance doté de 200 millions de francs constitue l'instrument adéquat.

Il permettrait de stimuler l'innovation et l'investissement, que ce soit dans la digitalisation, les infrastructures et le bâtiment, avec une orientation privilégiée sur le développement durable et la diminution de l'empreinte carbone. Mais il s'agit aussi d'agir sur la formation, en particulier la formation continue, qui sera plus que jamais indispensable pour s'adapter au nouveau contexte économique d'après-crise. Le volet de la consommation ne devra enfin pas être oublié. Plus de la moitié du PIB découle des dépenses des ménages, lesquels font face à une incertitude aussi élevées que les entreprises face à l'emploi.

Le canton de Fribourg dispose d'une fortune de 1,3 milliard de francs. Cette situation financière très avantageuse en comparaison avec les autres cantons lui permet d'amortir le choc de la crise actuelle en disposant d'une marge de manœuvre enviable. Mais elle doit surtout permettre de planifier un rebond  à long terme. La gravité de la situation n'est plus à démontrer: il ne serait pas responsable de temporiser. La compétitivité future de l'économie fribourgeoise dépend de décisions rapides et volontaristes. La CCIF est convaincue que la création d'un Fonds de relance constitue une réponse  solide et efficace.


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